Si Supertramp n'est plus depuis quelques temps, l'american way of life s'est généralisé depuis une vingtaine d'années, plongeant la société française dans
un consumérisme effrénée s'articulant autour du trio magique, Nike-Coca-Mc Do. C'est d'ailleurs José "Astérix" Bové,
qui a relancé la fronde anti-américaine en s'attaquant ouvertement au symbole de la malbouffe venu d'outre-atlantique, Ronald Mac Donald.
Si aujourd'hui, c'est plutôt la gauche qui se pare des oripeaux de l'anti-américanisme, celui-ci est né, au début, du 20eme siècle, plutôt à l'extrême-droite. C'est Maurice
Barrès, chantre du nationalisme français, qui stigmatisait la chimère qu'était l'Amérique, issu d'un contrat social entre les hommes qui heurtait profondément son sens de la
tradition, c'est Hergé, qui dans son Tintin en Amérique décrivait les cités américaines rongées par le gangstérisme et la corruption,
ou Céline, qui faisait évoluer son Bardamu de Voyage au bout de la nuit, dans cette verticale New-York qui idolâtrait le dieu $ !
Pour les premiers fascistes français comme Georges Valois, l'ennemi n'était pas la prolétarienne URSS, mais l'Amérique métissée, uniformisée, standardisée, à la
Métropolis,
qui fera dire à un certain Hitler que les américains, peuple de dégénérés, n'étaient bon qu'à produire des frigidaires ...mal lui en aura pris !
Et puis la guerre est passée par là, et l'Europe a perdu son leadership mondial, laissant la porte ouverte à l'hyper-puissance américaine qui s'opposait, seule, à la Russie des Soviets. De
l'extrême-droite, l'anti-américanisme allait glisser clairement à gauche, communiste d'abord, par solidarité avec l'URSS, socialiste ensuite, par contiguité.
Le brave soldat Ryan qui avait débarqué sur les plages normandes,
n'était plus vu d'un très bon oeil et De Gaulle se chargea, d'ailleurs, de renvoyer outre-atlantique, les GI's qui paradaient dans nos villages.
Ce furent les pacifistes allemands qui à la fin des années 70, se battait férocement contre les Pershing
américains, sensés faire contre-poids au SS-20 soviétiques, pointés vers l'Europe occidental, qui préféraient être "rouge" que mort, et qui fera dire à Mitterrand, dans
son beau discours au Bundestag, en 1983, que les missiles étaient à l'est et les pacifistes, à l'ouest
!
Aujourd'hui, après la fin de la guerre froide et la chute de l'URSS, l'hyper-puissance fait peur et fascine. La gauche anti-impérialiste stigmatise l'impérialisme US et voit, derrière les
événements du vaste monde, la main invisible des banquiers de Wall Street ou de la CIA. C'est Ignacio Ramonet qui dans un éditorial de Mai 2000, dans
le Monde Diplomatique, qui parlait de ce délicieux despostisme américain, stigmatisait le cosmopolitisme des banquiers d'affaires new-yorkais ou le sociologue Jean
Baudrillard, fasciné par l'effondrement des deux Tours,
juste retour de la politique américaine dans le monde, c'est cette Amérique des Bush, haïe, détestée jusqu'à l'hystérie, qui va, pour certains, jusqu'à soutenir la
folie talibane contre le méchant yankee, ce sont les anti-sionistes et anti-sémites de tous poils, qui voyent dans Israël, le rejeton monstrueux de l'impérialisme américain et qui sont prêts
à toutes les alliances, mêmes les pires, pour bouter l'entité américano-sioniste hors de Palestine, hystérie anti-américaine qui prend des atours parfois terriblement
nauséabonds, qui rappellent des temps pas si lointains, quand l'Europe était travaillée par ses vieux démons facho-staliniens !
Mais, curieusement, cette Amérique tant honnie, qui allie don d'ubiquité chez les conspirationnistes de tous poils et hyper-puissance impérialiste pour beaucoup d'autres,
cette "american way of life" tant décriée, propose quelques séductions que nos anti-américains apprécient. C'est le cinéma américain, d'abord, pourtant quintessence
de l'industrie capitaliste comme aurait dit Debord, pour lequel le capital se pare des atours de la séduction dans cette société du spectacle, qui fascine tant les européens. Ce fut cette fureur de vivre de
James Dean, qui plut tant aux jeunes européens.
Ce sont ces années 60,celles de toutes les libérations, que la Nouvelle Vague choisit pour aller idolâtrer des Hitchcoock
et des Hawks, des cinéastes outre-atlantiques bien peu révolutionnaires et plutôt même réactionnaires ...C'est cette France qui se gausse de l'inculture
des yankees, et qui se repaît de Titanic ou d'Avatar. C'est cet Hexagone qui porte aux nues, ce bushiste décomplexé de Clint Eastwood,
virile star qui électrise les critiques français, alors que W, lui, est universellement détesté !
C'est cette Amérique tant raillée et cette ricaine musique, tant écoutée. De la voie sirupeuse d'Elvis,
à la voie chaude de Sinatra,
s'échouant sur le rythm'and blues de BB King!
Ce sont ses séries américaines qui envahissent le PAF, de John Doe à NCIS, des Experts à 24 heures, de Mon oncle Charlie au
Simpson',
qui font passer Joséphine, ange gardien ou Derrick pour des somnifères radicaux !
C'est cette malbouffe tant critiquée, et le succès toujours renouvelé du Big Mac et du Coca lighté,
et, dernièrement, le succès d'Underworld USA, de ce bushiste décomplexé de James
Ellroy, qui enflamme la critique et le public français avec ses 100 000 exemplaires vendus !
Bref, je suis toujours étonné qu'une civilisation être censée aussi dépravée, aussi pourrie et rongée par la cupidité et le lucre que les USA, puisse produire de tels films, séries ou
musiques, qui ont séduit le monde entier !
Bref, vous aurez compris que l'anti-américain moyen en France, porte des Jeans Levi's, marche en Nike, écoute BB King, adore Clint
Eastwood, lit Ellroy, et va bouffer au Mc Do avec son I.Phone ! Schizophrénie, quand tu nous tiens !
Allez, on finit avec Frankie !