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Repas famille, Pierre et Irène Gortchakoff

 

 

Les vieilles boîtes à chaussure, au fond d'une armoire, dans le garage, sont parfois le réceptacle d'une mémoire qui fut longtemps oubliée. De vieilles photos reposent en paix, depuis des décennies, dans leur catafalque en carton, et attendent qu'une main charitable veuille bien les faire sortir de leur séculaire oubli. C'est depuis le miracle de l'internet et des nouvelles technologies, que je me suis décidé à rechercher cette mémoire familiale, dont quelques informations éparses m'étaient parvenues, au cours des réunions de famille. C'est ma tante, Victorine Gortchakoff, aînée de la famille, née en 1924, dans les bras de sa mère Irène, à côté de son père Pierre, sur la photo, qui un jour, sur ma demande, me passa ces vieilles photos jaunies, fragiles témoins d'un passé bien lointain, qui allait renaître dans l'univers virtuel de l'internet. Car c'est bien le miracle de la toile, que de frapper d'éternité une histoire qui, avant, se délitait avec la mémoire des hommes. Aujourd'hui, ces vieilles photos qui dormaient dans un tiroir, oubliées de tous et de toutes, renaissent donc à la lumière, après des décennies de pénitence.

Il y a donc ce déjeuner au Marinier, quartier de l'Estaque, à Marseille, au flanc des collines du Rove,en 1926, qui réunit la famille Grisendi, avec Linda et Aderito, mes arrières-grands-parents,

 

Linda-Munarini-et-Aderito-Grisendi--1944-1945--Marinier.jpg

 

 et leurs filles, Victorine, Marie et Irène, avec leurs trois russes de maris, ici , Pierre Gortchakoff et Jean Sinitzki,

 

Famille Grisendi, Pierre Gortchakoff

 

Paul  Griaznoff, qui prenait la photo, posant ici avec sa femme, Victorine.

 

Paul-Griaznoff--Victorine-Grisendi--18-12-1926.jpg

 

Un ami russe venait les rejoindre,  Basile Koutchenkoff, ici avec Pierre,

 

gortchakoff-kotchenkoff.jpg

 

 certainement, pour retrouver, un peu, l'âme des grandes steppes en ces terres françaises étrangères.

Mon grand-père, Pierre Gortchakoff était né dans la lointaine Sibérie, le 29 juin 1897, à Irkoutsk, cité de sibérie orientale, marche du pouvoir tsariste dans ces vastes steppes sibériennes, où la taïga est reine, terres d'aventure pour Michel Strogoff, songe romantique pour le Docteur Jivago, à la recherche de la belle Lara.

 

 

Le 20 mai 1916, le jeune Pierre Gortchakoff est mobilisé dans la division d'artillerie de réserve sibérienne, dans la 2eme Brigade d'artillerie, et il fut envoyé sur le front de Salonique, où il servit dans la 8eme batterie, jusqu'au 13 juin 1918. Car depuis la révolution de février et d'octobre 1917, en Russie, les troupes russes en Macédoine n'ont plus de chefs et les soldats russes sont surveillés puis internés dans des camps construits à cet effet, par les militaires français.

 Pierre et ses deux amis Jean et Paul, décident de s'engager dans la Légion étrangère, dans un régiment de marche, ce 13 juin 1918. Passé par l'Afrique du Nord, le destin du jeune russe s'arrêtera à Marseille, ce 24 février 1919, avec ses deux compagnons d'infortune. Marseille, porte de l'Orient, cité portuaire où échouent de nombreux immigrés venant du pourtour méditerranéen, promesse d'un avenir meilleur dans cette France républicaine. Marseille, la cosmopolite, à la foule bigarée, babel des temps modernes où des populations du monde entier se métissent pour fonder un monde meilleur.

C'est au Marinier, petit vallon perdu sur les hauts de l'Estaque , que les trois amis russes vont nouer leur destin aux trois soeurs Grisendi, filles d'Aderito et de Linda, immigrés italiens qui étaient venus d'Emilie-Romagne, au siècle dernier.

 

Famille-Gortcharkoff-1938.jpg

 

 Et la tribu russo-italienne se retrouvait régulièrement au Marinier, au tour d'une grande tablée familiale.

 

 

De Famille Gortchakoff.

 

 

Mon grand-père, pour élever sa petite famille,

 

Paul, Irène, Victorine, Hélène, Paul, Odette Gortchakoff

 

était rentré à l'électricité de Marseille, à Mourepiane,

 

Pierre-Gortchakoff-et-des-collegues-de-travail.jpg

 

ce qui lui permit de subvenir aux besoins de ses 6 enfants,

 

Paul, Odette, Hélène, Ine et Jeanne Gortchakoff, 1940.

 

dont Paul, Odette, Hélène, Victorine tenant dans ses bras la petite Jeanne, mais emporté par un infarctus, en 1942, il n'aura pas l'occasion de profiter longtemps de son petit dernier, Pierre, ici entre ses deux soeurs, Jeanne et Odette, né l'année de sa mort !

 

Paques-1946--Jeanne--Pierrot--Odette.jpg

 

 Aujourd'hui 68 ans plus tard, je tenais à rendre hommage à ce grand-père venu de sa lointaine Sibérie, et mort si jeune, en pleine force de l'âge, et qui, désormais, n'est plus un inconnu, gagnant un peu d'éternité virtuelle avec quelques tranches de sa vie en ligne sur le net !

 

Pau--Irene-et-Victorine-Gortchakoff--1926.jpg

 

 

De la Sibérie, il reste la mélodie de Lara, de Maurice Jarre.

 

Tag(s) : #Pierre Gortchakoff
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