La place Christophe Colomb sous un ciel bas et lourd, proche de l'Ambassade de France, s'est vite recouverte d'un blanc manteau, sous l'oeil marmoréen de
l'illustre navigateur,
Après Venise et Istanbul sous la neige, voilà que les flocons s'invient dans la capitale espagnole, dans un mois de février très pluvieux dans la péninsule ibérique, avec des
inondations
exceptionnelles en Andalousie.
Après un petit crochet vers la Bibliothèque Nationale, sous un déluge blanc,
Nous remontons le paseo de la Castellana pour aller visiter le "petit" musée Lazaro Galdiano, qui tient ses aises dans
un bel hôtel particulier, légué à la ville de Madrid, par le sieur Galdiano,
financier et grand collectionneur d'oeuvres d'art, qui s'évertua à collectionner de nombreuses oeuvres espagnoles et flamandes, dont un diable bien inquiétant,
et une superbe méditation de Saint-Jean Baptiste de Jérôme Bosch.
Nous redescendons vers le paseo del Prado, avenue où se succèdent tous les musées de la cité espagnole, un peu comme le Museum Miles, à
New-York. Nous prenons le métro à la station Maranon.
et nous descendons à la Plaza de los Cibeles, vaste esplanade où trône le Palais des Communications. Un petit
détour, d'abord, par le Musée Naval, qui regroupe de nombreuses maquettes de navires et des tableaux très variés, dont un combat entre espagnols et français à Messine (1675)
du peintre marseillais Pierre Puget,
un Christophe Colomb qui débarque dans le Nouveau-Monde,
et la première carte géographique de Juan de la Cosa représentant le Nouveau-Monde,
de 1500.
Nous voilà au Musée Thyssen-Bornemisza, dont la collection de tableaux fut rachetée par l'Etat
espagnol, en 1993, à la famille Thyssen, célèbre fratrie d'industriels allemands.
L'immense collection prend ses aises dans le Palais de Villahermosa et déploie un vaste panorama de la peinture occidentale. Une oeuvre nous a marqué, celles du peintre flamand
Dirk Baegert, que nous ne connaissions pas et qui a le génie des visages, dans son Chevaliers et soldats jouant aux dés sur la cape du Christ, 1477.
avec un singulier moine qui nous suivait du regard.
et un beau "gato con bodegon y pescado" de Chardin (1728), les matous étant tellement rares, dans la peinture occidentale !
Le Thyssen fini, nous nous dirigeons vers le Prado, gardé par deux métalliques saxophonistes,
et par la figure tutélaire de Velasquez.
Le vénérable musée, rénové depuis peu, était le lieu d'une exposition temporaire sur la peinture flamande,
mais nous n'avons pas pu la voir, par manque de temps, préférant parcourir le musée principal. Les photos étant interdites, deux oeuvres majeures symbolisent le célèbre musée espagnol. Les
Ménines de Velasquez,
et surtout le fabuleux Jardin des délices de Jérôme Bosch, 1503, clou du spectacle pradoïen, qui sera décliné dans de nombreux objets dans la boutique du
Musée !
Beau musée que ce Prado, même si je ne suis pas un grand fan de la peintre hispanique, que je trouve sombre et trop officielle, se résumant souvent à des thèmes bibliques ressassés ou à
des portraits de cour, dans un style peu original.
Le triomphe de la mort de Peter Bruegel l'ancien, 1562, vaut aussi le détour, et témoigne de l'influence de Bosch sur le peintre sans oublier la très belle Déposition de la croix de Roger Van der Weyden (1435), riche en composition
chromatique et L'annonciation de Fra Angelico, 1426, légère et
douce comme le soleil de Toscane !
Un repos bien mérité après deux heures de visite (On peut visiter le Prado gratuitement, tous les soirs de 18 heures à 20 heures).
Une petite faim nous tenaille, ça ne sera pas le nouvel humburger au poulet qui aura notre faveur,
Un petit détour par la gare d'Atocha, connu pour son jardin exotique,
une exposition d'art sauvage, sur le Paseo,
et nous finissons par le Forum Caixa, fondation ouverte aux arts contemporains, gardée par un éléphant équilibriste,
à l'entrée d'acier,
aux escaliers sans fin,
présentant une exposition de Miquel Barcelo, la solitude organisative.
Quelques chiens nous suivent du regard,
et nous quittons Dumbo !
Nous remontons la rue Alcala, avec ses beaux bâtiments,
et prenons la Gran Via,
pour nous diriger vers la Plaza Mayor, dans les ruelles désormais sombres, éclairées par quelques lampions,
et, enfin, apparaît, nimbé, de lumières, le Mercado San Miguel, haut lieu du tapas madrilène, classe et BCBG, qui tranche radicalement avec le populaire Museo del Jamon ! Voilà ...