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poilu.jpgVerdun, Moscou, Versailles, Sedan, Vichy, Berlin, Jaurès, Lénine, Hitler, Mussolini, De Gaulle, Lazare Ponticelli aura traversé cette topographie macabre et croisé les grandes et tragiques figures qui auront marqué le 20eme siècle ! Il aura vécu la folie des hommes dans sa première moitié tout en profitant des délices de la prospérité, dans les 50 dernières années du siècle.
A Bettola, hameau du nord de l'Italie, le 7 décembre 1897, naquit Lazare Ponticelli, dans une famille nombreuse et pauvre. Son père parcourait la région pour faire les foires, à l'occasion il touchait à la menuiserie et à la cordonnerie. Sa mère, s'occupant du petit lopin de terre familial, descendait souvent dans la plaine du Pô, comme journalière, pour ramasser le riz. Et puis ce fut l'exil en France, dans l'espoir d'un avenir meilleur. Le petit Lazare, trop jeune, est laissé à des voisins. Dès 6 ans l'enfant est mis au turbin, destin assez commun dans des campagnes italiennes du début du siècle dernier. Mais l'appel de la famille sera trop fort pour le petit garçon, et, à 9 ans, il se fait la belle pour le rêve hexagonal. Débarquant Gare de Lyon, en 1906, sans parler ni écrire le français, il a heureusement retenu le nom d'un bistrotier italien qui aide les immigrés transalpins. Coup de chance, il est pris en affection par la femme du cafetier. Nogent, puis Paris, où il exercera tant de métiers et où, "crieur de journaux", il se souviendra de l'effervescence des parisiens lors de l'assassinat de Jean Jaurès, le 31 juillet 1914, la veille de la grande guerre.
Dès le début du conflit, trichant sur son âge, il s'engagea dans le 1er régiment de marche de la Légion étrangère, mais dès que l'Italie entra dans la guerre, il est obligé de rejoindre l'armée italienne, les Alpini, avec lesquels il combattra dans le Tyrol, contre les Autrichiens. Blessé par un éclat d'obus, ça ne l'empêchera pas de retourner sur le front, en 1918, et d'assister à des attaques aux gaz, tuant des centaines de ses camarades, symbole de la folie des hommes :
Des hommes, touchés par les gaz, gonflaient et mouraient par paquets. Ceux qui arrivaient derrière étaient obligés de leur marcher dessus. Les corps éclataient comme des ballons...se rappelle-t-il.
Démobilisé à la fin du conflit, il retourna en France pour créer, avec ses deux frères, une petite entreprise de fumisterie qui deviendra, par la suite, une réussite industrielle avec ses 2 000 employés.
En 1939, lors du second conflit mondial, Lazare voudra s'engager, à nouveau, mais jugé trop vieux, il est démobilisé. Lors de l'invasion de la zone sud par les allemands, en 1942, il rejoindra la Résistance.
Retraité depuis 1960,  c'est son grand âge qui la fait connaître du grand public. En effet, depuis le décès de Louis de Cazenave, le 20 janiver du 2008, il reste le dernier, l'ultime piou-piou à avoir participé au grand carnage qui a saigné des générations de jeunes hommes, au nom des nationalismes aveugles ! Guerre si lointaine et si proche, puisque nous avons, devant nous, encore un témoin ...le dernier ...d'une époque où la vie d'un homme ne valait pas grand chose.
Lazare a accepté le principe d'obsèques nationales, mais à condition qu'elles soient simples, dernier hommage rendu à tous ses frères d'armes. Mais il a refusé d'être enterré au Panthéon, il souhaite, tout simplement, résider auprès des siens, dans le caveau familial.
Nous avons un peu oublié, aujourd'hui, les ravages du nationalisme d'antan, stigmatisant une Europe qui porte, intrinsèquement, un message de paix, au-delà des divergences politiques !
Avant de regarder un extrait de Charlot soldat, testez-vous sur la Première Guerre Mondiale en répondant à ce QUIZZ. Et puis ...longue vie à Lazare qui avec ses 110 ans a déjà connu 3 siècles !

Tag(s) : #Personnalité
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