J'ai encore le souvenir de ces photos volées dans une ruelle de Chinatown, cet été 2008 qui fut très new-yorkais, paisibles chats se reposant sur une vieille caisse en bois, frêle esquif dans cet océan déchaîné qu'est le quartier chinois de Big Apple !
J'ai toujours pensé que les animaux n'étaient pas des machines, comme le croyait Descartes, et les chats, plus particulièrement, sont
l'image même de cette "liberté" animale, nonchalante posture qui défie l'agitation ambiante, calme olympien devant l'hystérie consumériste, altière tenue signe d'une indépendance totale ! Car si
les animaux domestiques se caractérisent par leur allégeance totale à l'homme, le chat, lui, ne mange pas de ce "chien" là !
Domestiqué et divinisé dans l'Egypte Ancienne, gardien sacré des silos à blé, prenant la figure de Bastet dans le panthéon des divinités égyptiennes,
le chat, surtout noir,
fut diabolisé par l'Europe médiévale, qui le voyait comme l'adjuvant du diable et le compagnon des sorcières ! Dans ce Moyen-Age communautaire et très hiérarchisé, le chat libertaire ne pouvait être que l'expression du démon ! Il fallut attendre le 18eme siècle, pour que le félin réintègre l'univers du licite, comme en témoigne le tableau de Jean Siméon Chardin, face à face concupiscent entre un minou et un morceau de mérou,
et le 19eme siècle révolutionnaire vantera les qualités d'indépendance de l'animal, tellement insoumis qu'il diviendra le symbole de ces libertaires d' anarchistes !
Au 20eme siècle, le chat sera décliné à l'infini, notamment dans les dessins animés, avec le populaire personnage de Félix le chat,
qui fut détrôné, Ô rage, Ô désespoir, par une souris du nom de Mickey ! Mais de Tom et Jerry aux Aristochats,
l'image du racé félin ne fera que s'améliorer au cours du siècle, devenant, comme le chien, un compagnon apprécié dans les appartements étroits de nos cités modernes ! Et il nous plaît d' amener Isis dans nos périples lointains,
que ça soit, malgré quelques légitimes prévenances,
dans l'herbe fraîche de l'Abbaye cistercienne de Fontfroide,
dans le vert Jura,
ou toisant le Lac Leman, fascinée par une mouche savoyarde !
Il y aussi Tina, mollassonne gardienne de la maison de mes parents, sur son trône de pierre,
et qui se prélasse, les quatre fers en l'air, dans le sous-bois moussu,
il y a ce chat stanbouliote, impassible devant le mausolée d'Eyüp, qui tourne la tête nonchalemment,
cette mère et son rejeton, dans les ruelles d'Istiqlal Kadesi,
ce gros matou au regard foudroyant, dans le parc du lycée français de Galatasaray,
ou ce félin gardien de l'Eglise de la Chora,
un jour de février 2005, à Istanbul.
Il y aussi les chats transalpins, un tout noir, compagnon d'un soir à la Casa Cares, en pleine campagne toscane,
ou les sentinelles poilus des Marchés de Trajan, à Rome,
qui nous toisent sur ces marches millénaires !
Le chat américain se la joue un peu star, avec ses beaux grelots,
très loin de son homologue champêtre, gambadant et jouant dans cette campagne de Haute-Loire, près de Saint-Julien de Chapteuil,
avec son joli minois !
Un jeune félin de Saint-Hyppolite dans le Doubs, vient me dire bonjour,
et ce chat marseillais, de la calanque de Morgiou, imperturbable et un peu dépenaillé, qui me regarde passer,
sans compter mon pote du jardin Valmer, sur la Corniche, qui contrôle les entrées !
Mais je n'oublie pas les chats aixois, notamment ce jeune rouquin, très curieux,
qui fait son élégant numéro,
en s'épuisant dans des roulades contrôlées !
Je finirai par une pensée émue, pour mon premier chat, un siamois nommé "Minouche", que j'ai eu en 1976, et qui m'aura accompagné durant 18 ans,
et qui avait un vrai caractère de chien !
Un petit QUIZZ sur les chats, et je vais me reposer ...
je l'ai bien mérité !