
Herschell Gordon Lewis est un peu l'alter-ego d'Ed Wood version gore ... Ce bon vieux Herschell commence sa carrière cinématographique au début des années 60, en produisant des "nudies", films de fesses de l'époque, où une paire de seins faisait déjà la joie de la gente masculine ricaine. Pour quelques centaines de dollars, des pin-up trouvées sur des pubs pour hot dog , HGL nous concocta du sous-film érotique bien nase, destiné aux salles indépendantes américaines, dans des bleds paumés et aux bordels clandestins. Mais le filon s'épuise vite ...au vu de la qualité, assez limite, du produit, certains distributeurs se disent qu'ils pourraient faire la même chose avec ...la caissière de leur ciné !
Mais ce rusé d' Herschell a plus d'un tour dans son sac et ne va pas se laisser décourager par des distributeurs peu scrupuleux qui se livrent à une concurrence déloyale ! Eureka ! Il a la fabuleuse idée de produire des films "gores", où des flots d'hémoglobine vont couler pour choquer l'américain moyen. Ce sera Blood Feast (ici pour la bande annonce !), en 1963.L'histoire ? Aucune importance, le but est surtout de faire du sanguignolent ! Un suave traiteur égyptien (non, non, pas un vendeur de kebabs ...), Souad Ramsès (On se demande où Herschell est allé pêcher ce nom ...) adorateur de la déesse Isthar se livre à un rituel macabre horrible, mutilant et bouffant des jeunes filles ! Ce premier film gore de l'histoire du cinéma, magré les crises qu'il provoqua auprès de la censure américaine, connaîtra un certain succès durant les séances nocturnes, dans les drive-in.
Epaté par ce premier succès, inespéré, HGL et son compère, David Friedman, un vrai boulet, dont il dira que la vénalité était insondable, se lancèrent dans 2000 Maniacs, un autre opus sanguignolent, qui montre trois couples d'américains en guoguette, tombés dans un bled paumé où l'activité préférée des braves habitants est de trucider, dans la joie et l'allégresse, les touristes égarés ! (Une petite bande-annonce) On assiste à un joyeux carnage festif dans l'Amérique profonde, entre la fête votive et la kermesse dominicale sur fond de musique country ... Les acteurs ? Les habitants du village en question, heureux d'être les héros d'un jour, saupoudrés de quelques playmates de bas étage qui passaient par là !
Mais encore une fois, le filon va vite s'épuiser. Les petits proprios de ciné disparaissent au détriment des majors, et les films de série Z, pas chers, qui faisaient la joie de l'amérique profonde disparaîssent. Herschell va alors faire des films-gore de plus en plus pourraves, avec trois dollars, 6 pences, avec des titres exotiques comme :
"La Sainte visite le pays enchanté de la Mère Oie", un chef d'oeuvre qui date de 1967, ainsi que le grand-guignolesque, Taste of Blood ou "The Wizards of Gore", un opus dont le maître, en personne, se dit fort mari, de la piètre qualité artistique ...putain ...qu'est que ça doit être mauvais !
The Gore-Gore Girls ( mirez ce passage culte où le tueur badigeonne les fesses d'une victime hystérique avec du sang-tomato soup !) sera son dernier long-métrage, en 1972, avant de disparaître du paysage nanardesque américain. Ce brave HGL va alors mener une vie de labeur assez exotique, exerçant 1 000 métiers différents, de prof d'anglais, à vendeur de camelotes diverses, en passant par chef de rayons dans des supermarchés de quartier !
Et puis, 30 ans plus tard, voilà que ce désormais vieux Monsieur, âgé aujourd'hui de 80 ans, ressort de sa boîte à coucou, porté aux nues par des fans transis, qui l'ont désigné comme "grand-papa du cinéma gore" ! HGL retrouve une première jeunesse, étonné par tant de salamalecs et d'honneurs, ravi que ses premiers amours nanardesques soient remakés par Hollywood !! Sacré Herschell, tu dois bien te fendre la poire !