Chaque année, Noël est l’occasion d’une orgie alimentaire et d’une foire aux cadeaux qui tient de l’inventaire à la Prévert. Fixée le 25 décembre par l’Eglise, au IVeme siècle avant JC, la Nativité ne connaît pourtant pas une date précise dans les Evangiles et les dignitaires catholiques de l’époque ont calqué la naissance du « petit Jésus » sur le calendrier romain et notamment sur la fête du Sol Invinctus qui honore le dieu Mithra, né un 25 décembre.
Noël reste d’abord et toujours la fête des enfants, avec le Père
Noël qui récompense les enfants sages, sorte de patriarche à la longue barbe qui vient, tout de rouge vêtu, de sa lointaine Laponie, apporter ses présents aux marmots du monde entier.
Le premier choc enfantin est d’ailleurs de savoir, dans la cour de récré, sous les quolibets de ses copains, que ce Père bienveillant qui multiplie
les cadeaux comme Jésus,les petits pains, n’existe point, information terrible qui sera malheureusement confirmée, la plupart du temps, par les parents, lors du dîner.
Premier traumatisme dans sa vie de petit homme,
rite initiatique qui nous fait passer de la petite enfance, époque où le merveilleux est roi, à l’enfance, période où nous sommes dans le secret des grands, qui
savent que le Papa Noël est une invention pure et simple.
Le réveillon de Noël reste pour moi un moment privilégié, qui plonge ses souvenirs dans une petite bicoque au
flanc des collines du Rove, surplombant l’Estaque et la grande bleue,
où, durant près de 10 ans, nous avons fêté chez ma grand-mère cette Nativité. Le vallon du marinier, monde perdu, cul de sac dont l’accès ne se faisait que
par un tunnel, passant sous un grand viaduc ferroviaire,
et prenant des atours fantastiques, au crépuscule, avec cette grotte qui excitait mon imagination enfantine. Haut-perchée, la maison de ma grand-mère était
idéale pour la livraison aérienne du Père Noël, qui ne pouvait rater cette modeste mais altière bicoque ! Souvenirs merveilleux relatifs à l’enfance qui m’ont toujours fait garder une
tendresse particulière pour cette vieille maison désormais sortie du patrimoine familial.
Car ayant une grande famille, le réveillon de Noël fut toujours
l’occasion d’une grande soirée festive, entre le foie gras et la pintade. Encore que la présence du premier est relativement nouvelle sur les tables, puisque je ne me rappelle point d’en avoir
mangé dans ma tendre et désormais lointaine enfance. Nouvelle époque, nouveaux mets. De l’Estaque chez ma grand-mère, au Bastidon,
aux Milles, chez mes parents, les soirées du réveillon se sont réitérés avec leurs rites immuables, avec ses cris joyeux de la marmaille enfantine qui s’est, largement renouvelée, et les
chants des adultes, entre le refrain paillard du « cul blanc et sale du petit Jésus » au dromadaire de ma tant Hélène en passant par le « petit vin
blanc » d’Odette, tout en se balançant, gaillardement, et en chœur,sur un endiablé blasphématoire tric et trac !
Les 12 coups de minuit, attendus fiévreusement par nos chères têtes blondes seront le signal de l’orgie de cadeau, déposé en douce aux pieds d’un sapin de Noël, à
l’insu des enfants présents, et donnant lieu à une cérémonie de remise individualisée des offrandes, du plus petit au plus grand, accompagnée d’un « merci papa de Noël » de
convenance.
Evidemment, en 35 ans, le nombre des cadeaux et leur variété se sont multipliés. De mes petits soldats adorés à
la PSP, de ma voiture en plastoc à la X-Box,
nos jouets ont suivi l’évolution technologique, de plus en plus sophistiqués mais aussi de plus en plus chers
!
Pour ma part je n'ai pas à me plaindre, puisque je vais pouvoir me plonger dans les délices de la Renaissance vénitienne,
en buvant du café avec la nouvelle Senseo,
tout en admirant nos futurs colocataires, dont un Betta Splendens,
dans un Acqua-Cube qui va plaire, je pense, à Isis !
Bonnes fêtes à tous !